ENiM 7, 2014, p. 1-12.
Cet article propose d’étudier à nouveaux frais le motif des larmes de crocodile, dangereux et cruel saurien que l’on croyait incapable de pitié, paradoxalement considéré comme sacré par des habitants de la Vallée du Nil ou pris en chasse par d’autres. Cet article aborde son origine dans la littérature et son évolution à partir du IVe siècle de notre ère, sous la plume du prédicateur Asterios le Sophiste, jusqu’à l’Époque moderne où il fait encore flores, quoique l’on perde sa trace, en Orient et en Occident, pendant près de six siècles entre le Ve et le XIe siècles. L’origine égyptienne de ce dicton bien connu perce chez les auteurs classiques qui montrent comment les sauriens que les Tentyrites et les Apollinopolites fustigeaient à mort, émettaient des vagissements, assimilés à des pleurs. Le motif a évolué par le truchement du Physiologos jusqu’à son subvertissement final : Le Crocodile et l’Esturgeon (1792) de Jean-Pierre Claris de Florian.
This article proposes to rethink the motto of tears of crocodile. This dangerous and cruel saurian, believed incapable of pity, was paradoxically considered sacred by some inhabitants of the Nile Valley or hunted by others. This paper addresses the origin of this motto in the literature and its evolution from the fourth century A.D., under the reed-pen of Asterios the Sophist, a preacher, until the modern era where it is still flourishing, although its trace in the Orient and Occident is lost, during nearly six centuries between the fifth and eleventh centuries. The Egyptian origin of this well-known saying can be deduced from the classics who show how saurians that Tentyrites and Apollinopolites castigated to death, emitted wailing, similar to crying. The motto has evolved through the Physiologos to its final subvertissement: Le Crocodile et l’Esturgeon (1792), a fable of Jean-Pierre Claris de Florian.
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ENiM 17, 2008, p. 1-44.
Cette enquête à nouveaux frais aborde, sous un éclairage anthropozoologique, le paradoxe relatif au comportement polarisé des Égyptiens vis-à-vis des crocodiles sauvages et des crocodiles apprivoisés. Ces différences d’attitudes ne reposent pas sur une opposition entre les deux espèces indistinctement réparties dans toute l’étendue de la basse vallée du Nil – Crocodylus niloticus LAURENTI, 1768 et Crocodylus suchus HEKKALA et al., 2011 –, même si une pression de la première espèce s’est exercée sur la seconde, laquelle représente l’essentiel des momies de crocodiles. Le portrait de la situation que dressent différents auteurs (Hérodote, Diodore de Sicile, Strabon, Élien, Philon d’Alexandrie), sans tenir compte des deux espèces attestées, est corroboré non seulement par l’étude de la documentation archéologique égyptienne, mais aussi par deux approches anthropologiques dans deux contrées différentes dont les habitants partagent des territoires avec Crocodylus niloticus LAURENTI, 1768. En Afrique de l’ouest, en particulier au Mali, chez les Dogons, qui opposent crocodiles inoffensifs ou sacrés et dangereux ou « ordinaires » avec des conséquences sur le quotidien des habitants ; à Madagascar, où les situations régionales, fortement contrastées, font apparaître un culte aux ancêtres, des aspects judiciaires (ordalies), des vengeances divines. La comparaison de la situation égyptienne avec celles de l’ouest africain et de Madagascar permet de mieux cerner les différences de comportements des riverains de la vallée du Nil selon que leurs crocodiles y sont honnis et massacrés (Tentyris = Dendara, Apollinopolis = Edfou, Éléphantine) ou sacrés et vénérés (Ma’abda = Samoun, Ombos = Kôm Ombo, Antaeoplis-Qaou el-Qébir, Chénosbokion, Coptos, Crocodilopolis-Soumenou = Gebelein, lac Moéris, Arsinoé-Crocodilopolis), mettant en relief des croyances et des interdits régionaux.
This fresh investigation takes an anthropozoological look at the paradox of Egyptians' polarized behavior towards wild and tame crocodiles. These differences in attitude are not based on an opposition between the two species indiscriminately distributed throughout the lower Nile valley—Crocodylus niloticus LAURENTI, 1768 and Crocodylus suchus HEKKALA et al., 2011–even though the former exerted pressure on the latter, which accounted for the bulk of crocodile mummies. The picture painted by various authors (Herodotus, Diodorus Siculus, Strabo, Elian, Philo of Alexandria), regardless of the two attested species, is corroborated not only by the study of Egyptian archaeological documentation, but also by two anthropological approaches in two different regions whose inhabitants share territories with Crocodylus niloticus LAURENTI, 1768. In West Africa, particularly in Mali, among the Dogons, who contrast harmless or sacred crocodiles with dangerous or “ordinary” crocodiles, with consequences for the daily lives of the inhabitants; in Madagascar, where regional situations are highly contrasted, revealing ancestor worship, judicial aspects (ordalies) and divine vengeance. A comparison of the Egyptian situation with those of West Africa and Madagascar provides a clearer picture of the differences in the behavior of people living along the Nile Valley, depending on whether their crocodiles are reviled and massacred (Tentyris = Dendara, Apollinopolis = Edfou, Elephantine) or sacred and venerated (Ma‘abda = Samun, Ombos = Kom Ombo, Antaeoplis-Qaou el-Qebir, Chenosbokion, Coptos, Crocodilopolis-Sumenu = Gebelein, Moeris lake, Arsinoe-Crocodilopolis), highlighting regional beliefs and bans.
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18 article(s) - 29 octobre 2024.
Anne-Sophie von BOMHARD Décans égyptiens, CENiM 23, Montpellier, 2020 — (2020)
Jean-Claude Grenier L'Osiris ANTINOOS, CENiM 1, Montpellier, 2008 — (26 décembre 2008)
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Équipe Égypte Nilotique et Méditerranéenne - UMR 5140 - « Archéologie des Sociétés Méditerranéennes » (Cnrs) - Université Paul Valéry - Montpellier III