ENiM 15, 2022, p. 181-212.
Le cercueil égyptien conservé au musée Jacquemart-André appartient à un certain Disoukhonsou, prêtre de Coptos à la 25e dynastie. Son étude et sa restauration ont fourni l’occasion de le replacer au sein de la production des cercueils bivalves, caractéristiques des 25e-26e dynasties. Le cercueil bivalve est conçu, techniquement et symboliquement, comme une enveloppe-cocon, à l’instar de l’enveloppe de cartonnage de l’époque libyenne qu’il remplace progressivement. Il présente une particularité technique dérivant des cartonnages : l’application d’une toile enveloppante support du décor, recouvrant toute la surface extérieure, englobant cuve et couvercle en un tout. Il est proposé de considérer l’enveloppement intégral de toile à l’extérieur du cercueil comme l’un des critères propres aux cercueils bivalves thébains des 25-26e dynasties. S’il est possible que la momie ait été mise en place avant la réalisation du décor, une hypothèse différente est ici défendue, privilégiant un autre enchaînement des étapes de réalisation : le cercueil était entièrement réalisé et décoré, avant d’être rouvert en découpant la toile pour y insérer la momie, puis refermé. Cette re-fermeture matérielle s’accompagnait probablement d’une réparation symbolique, tout aussi efficiente dans la pensée égyptienne pour rétablir l’herméticité recherchée. L’étude réalisée, principalement sur les cercueils du musée du Louvre, expose les éléments réunis pour étayer ces hypothèses et invite les chercheurs à multiplier l’examen d’autres cercueils afin de les enrichir et discuter.
The Egyptian coffin kept in the Jacquemart-André museum belongs to a certain Disoukhonsou, priest of Coptos in the 25th Dynasty. Its study and restoration provided the opportunity to place it back within the production of bivalve coffins characteristic of the 25-26th Dynasties. The bivalve coffin is technically and symbolically designed as a cocoon-shell, much like the Libyan cartonnage case it gradually replaces. It shows a technical peculiarity deriving from cartonnage cases: the application of an enveloping linen for the decoration, covering the entire exterior surface, encompassing the box and lid in a whole. It is proposed to consider the linen wrap on the outside of the coffin as one of the criteria specific to Theban bivalve coffins of the 25-26th Dynasties. If the mummy may sometimes have been put in place before decorating, a different hypothesis is defended here, favoring another sequence of crafting steps: the coffin was entirely made and decorated, before being reopened by cutting the canvas to insert the mummy, then closed again. This material re-closure was probably accompanied by a symbolic repair, just as effective to the Egyptian mind-frame in order to recreate the sought-after hermeticity. The study carried out, mainly on the Louvre coffins, describes the elements gathered to support these hypotheses and invites researchers to examine other coffins in order to enrich and discuss them.
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Jean-Claude Grenier L'Osiris ANTINOOS, CENiM 1, Montpellier, 2008 — (26 dĂ©cembre 2008)
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Équipe Égypte Nilotique et Méditerranéenne - UMR 5140 - « Archéologie des Sociétés Méditerranéennes » (Cnrs) - Université Paul Valéry - Montpellier III